dimanche, mars 26, 2006

Pensées secrètes et autres contrariétés

David Lodge est un homme cynique, il rit fort de ses personnages. On se demande parfois s’il les aime. Dans Pensées secrètes, il nous met face à une veuve et à un coureur de jupons. Elle vient enseigner pour un semestre dans l’université où il est professeur.
Le lieu est parfait. Eloigné de tous et de tout, dans une banlieue retirée au charme douteux. Sur ce campus, ce ne sont pas des étudiants qu’il a choisi de faire évoluer mais des adultes déjà faits qui tentent de se refaire. Les étudiants sont en toile de fond.
Mais ce n’est pas seulement l’histoire d’un duo. Ah, non, c’est bien plus drôle de faire entrer dans cette comédie, la femme de Ralph, l’âme du mari mort et toute la société dont se moque nonchalamment l’écrivain.

Elle, est naïve, sincère et retenue. Lui, est charmeur, marié, père, et brillant.
Elle ne demande qu’à passer à autre chose maintenant que ses enfants sont à l’étranger. Elle veut aimer quelqu’un, oublier son Martin. Ils s’aimaient tant. Elle se moque du comportement de Messenger qui trompe sa femme sans arrêt. Et puis, elle se rendra compte qu’elle ne peut compter sur ses doigts le nombre de fois où son mari l'a trompée, elle. Et tout s’effondre dans son univers trop carré et étriqué.

Après ces révélations, la question qui se pose à elle devient : Comment se venger d’un mort ?
David Lodge, dans son roman, met en avant l’ironie qui se retourne contre nous.
Il voit juste. Toujours.
Ses personnages ne sont pas gentils. Ils sont vrais et hypocrites.
Et c’est en cela que la forme est parfaite. Le récit se fait par les pensées secrètes de chacun. Le lecteur navigue entre deux visions des évènements. Elle, écrit son journal intime, depuis la mort de son mari. Lui, dicte ses pensées dans le cadre d’une de ses expériences. Elles sont ensuite retranscrites à l’aide d’un logiciel informatique sur son ordinateur.
On se demande toujours si, comme dans les Liaisons Dangereuses, tout sera découvert. Si la perversion des caractères sera dévoilée… Mais on espère que ça n’arrivera pas. Parce que tout serait beaucoup moins drôle si les pensées secrètes qui maintiennent en équilibre ces marionnettes lâchaient.
Le récit est un miroir. On se dit que l’on est entouré par le même spectacle de mensonges et de cynisme. Mais on se rassure un peu, en se disant que nous, personne ne pourra jamais lire nos pensées secrètes parce qu’on n’a pas la bêtise de les mettre par écrit. A moins que…

1 commentaire:

Pierre Chappaz a dit…

David Lodge...merci de parler de lui